2012 est décidément une bonne année pour le Scratch hexagonal ! Deux ans après leur premier opus "En Petites Coupures", les lyonnais du Scratch Bandits Crew reviennent avec les douze titres de l'album "31 Novembre" (disponible dès le 09 Avril), remarquable galette turntabliste à la poursuite d'une musicalité qui fait parfois défaut au genre.
Petite bombe inventive et sensible, le trio prouve avec cette sortie que la Scratch Music peut allier technicité, émotion et efficacité et pourrait bien bouleverser une paire d'idées reçues sur ce type de travail aux platines. Et ça ferait pas de mal ...
Tales From The Crate se devait évidemment de kidnapper Supa Jay, Syr et Geoffresh le temps d'une interview souterraine dans les grandes largeurs.
Tales From The Crate - C'est la
première fois que j'ai la chance de vous recevoir dans Tales From
The Crate, passons donc au chapitre Genèse. On a du vous le demander
un milliard et demi de fois ...
Supa Jay - Ouais !!
TFTC - ... mais on va y repasser :
Qui ? Quand ? Quoi ? Comment vous vous rencontrez et
commencez à travailler ensemble ?
Supa Jay - A la base Scratch Bandits
Crew est un collectif qui est né à Lyon en 2002. On s'est tous
rencontré autour de notre passion pour le Scratch. Pour nous c'était
un moyen d’échanger nos techniques puisqu'à l'époque Internet
n'était pas encore développé comme aujourd'hui, tout se faisait un
peu à l'oral.
Très vite on nous a proposé de faire
des concerts. Au départ on était plus dans ce qui s'apparentait à
de la performance, à des shows dans l'esprit des prestations lors
des championnats de Scratch. Et puis avec les années on a commencé
à réfléchir à une identité artistique en composant nos morceaux
puis en montant un vrai spectacle pour faire des concerts.
La formation comme elle existe
actuellement c'est à dire Geoffresh, Syr et moi, date de 2009. Au
final Scratch Bandits Crew est un collectif auquel une dizaine de
DJ's ont participé mais aujourd'hui le noyau dur c'est la formation
en trio qui représente le nom sur scène et sur disque.
TFTC - Les « anciens »
gravitent-ils toujours autour de vous ?
Supa Jay - Certains ont complètement
arrêté la musique, il faut dire qu'en dix ans il peut se passer
beaucoup de choses. Parmi les gens qui sont toujours actifs dans le
mouvement, sur le disque ("31 Novembre") on peut citer
la participation de Fly et Mart-One, deux personnes qu'on invite avec
nous sur scène dès que les dates le permettent pour réaliser des
featurings. Pour faire simple, le trio est devenu la formation de
base mais il y a certains des "anciens" qui gravitent
autour du projet et font des apparitions dès qu'on en a
l'opportunité.
TFTC - A la façon dont tu le décris,
certaines personnes peuvent avoir le sentiment que vous avez opéré
une sorte de hold-up sur le nom mais en fait de nombreux membres du
collectif sont toujours autour de vous mais sont moins actifs ou pas
au sein de ce projet là ?
Supa Jay - En 2002, quand j'ai monté
le groupe, les objectifs n'étaient pas les mêmes. A la base on
était tous là par passion et puis au fur et à mesure du temps on a
du se resserrer autour de ce qu'on voulait vraiment faire ensemble.
Ne serait-ce que pour des raisons de temps.
La Sratch Music c'est super parce que
c'est en perpétuelle évolution mais c'est une musique qui prend
énormément de temps à élaborer. En 2009 on nous a proposer
énormément de dates et tout le monde a du faire un choix quant à
ses objectifs et ses engagements. C'est là qu'on a décidé de créer
un noyau dur qui pourrait assurer la représentation tant sur disque
que sur scène.
Après Scratch Bandits Crew c'est un
collectif de gens qui se voient tout le temps mais c'est vrai qu'on a
connu une évolution entre l'époque où on existait de manière
informelle et où on se formait quand on avait l'opportunité
d'assurer un concert, et le trio comme il s'est dessiné en 2009. On
a fait une centaine de concerts depuis, c'est vraiment une activité
quotidienne, permanente.
TFTC - DJ Fly que tu citais à
l'instant s'est illustré en compétition en devenant champion du
monde DMC en 2008, c'est quelque chose que vous avez fréquenté en
équipe ce cercle des championnats ?
Supa Jay - On a gagné la Coupe de
France en 2004. Ça fait longtemps ... On a continué jusqu'en 2007,
après quoi on a voulu s'émanciper des formats de type 6 minutes
(le format standard d'une participation à une compétition de
Turntablism -ndlr) qui demande énormément de temps. Disons qu'on s'est
dit : quitte à passer du temps à faire de la musique ensemble,
autant que ce soit aussi pour faire des concerts ou des choses qui ne
sont pas tout le temps astreintes à un format de championnat.
En plus c'est l'année où Fly a été
champion du monde que le groupe a commencé à vraiment faire parler
de lui et que les dates se sont multipliées. C'est aussi pour ça
qu'on a dû faire des choix, parce que nos agendas ont grossi
parallèlement les uns aux autres.
TFTC - J'aimerai insister sur une
particularité qui vous différencie d'autres formations du même
type, c'est moins une méthode de travail qu'une espèce de
technologie qui vous est propre. Parmi vous se trouve un genre de
chercheur qui développe des machines aussi dingues que géniales
dont vous vous servez ensuite pour composer vos morceaux : une
interface sonore sur la base d'un disque vinyle cassé, une table de
mixage dont les crossfaders jouent sur les fréquences plutôt que
sur les volumes ... lequel d'entre vous est l'atout technologique du
groupe ?
Geoffresh - C'est moi, c'est Geoffresh
...
Syr et Supa Jay éclatent de rire en
cœur après plusieurs secondes de silence - C'est lui ! C'est
Geoffresh ! On l'a reconnu !!
TFTC - C'est brillant ce travail là !
Tu as une formation technique au départ ou est-ce tout à
l'expérimentation ? Comment est-ce que te viennes les idées ?
Geoffresh - J'ai une petite formation
technique mais je dois plus à des essais en autodidacte. Je trouve
que ça complémente bien l'esprit live du groupe.
TFTC - Là on parle d'un degré
technique qui dépasse tout de même largement l'habileté qu'on peut
attendre d'un groupe de scratcheurs !
Geoffresh - Non, ce n'est pas comme ça
que je le vois. On utilise les techniques de Scratch mais avec de
nouveaux éléments.
Supa Jay - L'idée c'est de transposer
les techniques qu'on a pu acquérir en Scratch sur des instruments
dont les réponses ne sont pas conventionnelles ou en tout cas pas
celles qui sont attendues. C'est faire en sorte qu'avec les mêmes
mouvements, le son qui sorte ne soit pas seulement des allers et
retours de disques vinyle mais un jeu sur des synthétiseurs par
exemple. On garde la dextérité de l'instrument Scratch mais on la
transpose sur des machines qui ne sont pas trouvables dans le
commerce.
TFTC - A mon sens ça participe de la
force mélodique qui est la vôtre. Ces machines c'est quelque chose
qui vous est totalement exclusif, vous rendez-vous compte que ça
vous ouvre des possibilités auxquelles les autres artistes de
Scratch Music ne peuvent pas encore s'attaquer ?
Supa Jay - Le problème de la Scratch
Music c'est effectivement que c'est une niche et en tant qu'artiste
on est astreint aux évolutions technologiques des constructeurs sur
un matériel qui n'évoluera qu'en fonction du nombre de personnes
qui l'utilisent. Comme la Scratch Music intéresse encore un groupe
assez restreint de gens, les évolutions se font super lentement.
Regarde les MKII (modèle de platine de la marque Technics et
référence indétrônable pour un grand nombre de DJ's -ndlr),
c'est resté une référence pendant vingt ans mais sans presque
jamais évoluer. Il y a donc eu un moment où plutôt que d'attendre
qu'on nous propose un nouveau bouton ou une modification intéressante
sur le matériel qui existe, on a préféré essayer de créer des
instruments qui répondent à nos envies quant aux réactions que l'on
voulait obtenir dans notre utilisation des platines et de la table de
mixage.
TFTC - Est-ce que ça coûte ce type de
développement ?
Supa Jay - Ça coûte en temps. C'est un laboratoire, tu ne tombes pas directement sur ce que tu veux. Après il faut aussi voir les contraintes qui sont grandes parce que c'est du matériel qu'on utilise sur scène, il faut que ce soit fiable, que ça marche dans tous types de conditions, même quand on joue en plein air à la montagne ...
TFTC - ... et que ça se véhicule
aussi, j'imagine.
Supa Jay - Voilà. Après je t'avoue
que nous ne prenons pas le train (rires) !!
Pour revenir sur la notion de temps,
disons que c'est tout un travail de défrichage. C'est pas le tout de
construire des instruments, il faut aussi apprendre à les utiliser
de manière pertinente. Le but c'est quand même de mettre ces
machines au service de la musique.
TFTC - Y a-t-il des artistes qui ont
manifestés un intérêt à l'idée de travailler eux aussi avec ce
type de prototypes ?
Supa Jay - D'une manière générale,
ça intéresse beaucoup les artistes avec lesquels on fait des
plateaux. Ça intrigue. Mais ce matériel que Geoffresh à construit
nous impose une logistique assez lourde et si lui n'est pas dans le
groupe dans lequel ce matériel est utilisé, ça devient très
compliqué.
Geoffresh - Ce n'est même pas
réalisable en fait. Derrière l'aspect purement mécanique il y a de
l'informatique ce qui impose un débuggage constant. Comme l'a dit
Jay les conditions extérieures jouent aussi ... Ce ne sont tout de
même que des prototypes, ce ne sont pas des machines prêtes à être
vendues dans le commerce.
TFTC - Pour finir là dessus, j'avais
eu vent de rumeurs selon lesquels de grand noms du Turntablism
s'étaient montrés curieux ou insistants à l'idée d'utiliser un
matériel similaire au vôtre, est-ce que vous confirmez ? J'ai
entendu le nom de Qbert revenir en particulier ...
Geoffresh - Non, c'est faux.
Supa Jay - Le truc c'est qu'on a jamais
eu la chance de faire un plateau avec Qbert. Ça a toujours intrigué
les artistes aux cotés desquels on a joué mais Qbert n'en fait pas
partie. On n'a donc jamais pu échanger avec lui sur ce sujet.
TFTC - Parlons de votre actualité à
présent et de cet album "31 Novembre" à sortir le 09
Avril 2012 soit deux ans après votre premier EP "En Petites
Coupures". Ce sont deux disques qui me semblent sonner très
différemment, est-ce que je me trompe si je dis qu'il n'y a pas
la même intention musicale derrière ?
Supa Jay - Effectivement. "En
Petites Coupures" sorti en 2010 était notre première sortie
officielle et physique. On voulait que ce soit comme une carte de
visite et qu'on y retrouve totalement notre identité. Il fallait
qu'un maximum d'éléments soient scratchés et que le disque soit
réalisable en live presque à l'identique de la façon dont il avait
été enregistré. On s'était fixé un cahier des charges très
lourd dont on s'est un peu libéré pour réaliser "31
Novembre".
Pour ce nouveau disque on s'est un peu
détacher des contraintes liées au fait de vouloir tout scratcher.
Comme en plus on est sur un format plus long, on a tenté plus de
choses et pris le temps de poser certaines ambiances. Une autre
différence entre les deux sorties c'est que les morceaux de "En
Petites Coupures" ont tous été joués en live avant d'être
enregistrés. On baignait dans une ambivalence entre la volonté de
développer des mélodies et le besoin d'énergie du live ce qui
donnait des morceaux plus longs et un peu mutants. Là on a voulu
faire un disque pour que ce soit un disque en se focalisant sur la
musicalité, quitte à devoir déstructurer nos morceaux pour les
versions live.
En dehors de ça le processus de
création est le même : on a enregistré de la matière et on
l'a retraité jusqu'à en être totalement satisfait.
TFTC - "31 Novembre"
propose moins de cuivres et plus de piano ou de violons, sonne moins
Electro, ou plutôt pas dans la même fibre Electro, plus downtempo, plus
Jazz aussi. J'ignore si c'était votre volonté en le réalisant mais
au fond est-ce que ce second opus n'est pas plus personnel que le
premier ?
Supa Jay - Il y a de ça, oui. Même
s'ils ne sont pas très nombreux, il y a d'autres groupes de Scratch
Music dans le monde. Pour nous ça ne suffit pas d'être identifié
par notre instrument. Dire que Scratch Bandits Crew c'est un groupe
avec plusieurs scratcheurs en même temps, ça ne signifie rien, de
la même manière que définir un groupe de rock par le fait
qu'il y ait un batteur, un bassiste et un guitariste.
Sur ce disque la démarche ça a été
d'utiliser les machines pour traiter des sons qui soient acoustiques,
pas seulement faire des sons de machines avec des machines quitte à
écarter un peu le coté électronique. Mais le plus important c'est
qu'on a essayé de voir jusqu'où on pouvait aller dans l'émotion et
les atmosphères. On voulait vraiment mettre la technique au service
d'une musique qui soit sensible.
TFTC - Une autre particularité de votre démarche c'est le fait de faire enregistrer tous les éléments que vous
utilisez, c'est-à-dire que vous ne passez pas par le sampling au
sens de la récupération sonore depuis des vinyles comme le veut
l'imagerie ou la tradition Hip Hop. Comment se passe le travail avec les
instrumentistes ?
Supa Jay - Avant tout il faut savoir
qu'on ne se rend en studio que pour finaliser et faire le mastering.
Tout le reste se fait à la maison. Après notre démarche n'est pas
du tout d'abolir le sampling mais de faire du sample à partir d'une
matière qui est la nôtre. Tous les musiciens dont tu parles ont été
enregistrés entre 2006 et 2012. Dès qu'on a la possibilité
d'enregistrer un instrument on le fait pour ensuite aller chercher
dans cette banque de sons comme on irait chercher dans un bac de
vinyles. Ça nous permet de garder ce coté samplé et bricolé qu'on
aime beaucoup puisque c'est dans la culture Hip Hop de faire de la
musique comme ça, mais de le faire avec notre propre matière et de
ne pas être limité par ce qu'on pourrait trouver sur des disques.
TFTC - Tu parles du travail autour des
atmosphères de "31 Novembre" et on peut en effet assez
facilement s'inventer des images sur votre musique : est-ce que
cet album n'est pas aussi le soundtrack d'un univers visuel que vous
développez avec les clips et les prestations live ? Réfléchir
à cet album n'était-il pas aussi réfléchir à un projet plus
global ?
Supa Jay - C'est notre manière en
effet de s'affranchir du coté très démonstratif du Scratch. Il ne
s'agit pas de faire des choses moins techniques mais d'essayer de
faire oublier aux gens cet aspect technique pour les faire entrer
dans quelque chose de plus onirique.
On essaye donc de suggérer un univers
visuel à travers la vidéo, la scénographie et un show lumière
très travaillé. L'idée c'est d'alterner entre les moments où le
focus est mis sur la performance et les moments où on aimerait que
le public pénètre dans un univers plus global.
TFTC - Qui sont les gens avec qui vous
travaillez ?
Supa Jay - Rémi Mallet gère les
lumières, Brusk un graffeur français s'occupe des visuels et
Icecream, un motion designer, est chargé de mettre ça en mouvement
et de faire les vidéo.
TFTC - Toujours à propos du live,
est-ce que vous avez des spécialités sur scène, un rôle à tenir
en particulier ? Qui fait quoi en gros ?
Supa Jay - Basiquement on ne s'organise
pas pour que l'un de nous gère la ligne de basse, un autre les voix
ou un troisième la batterie. Tout le monde fait un peu tout à tour
de rôle. Malgré tout nous avons chacun un équipement un peu
différent sur scène. Même si on a tous une platine vinyle et une
table de mixage, Geoffresh est entouré de tous ses prototypes qui
lui permettent d'aller dans des sonorités plus électroniques, Syr
qui est un excellent technicien a beaucoup de parties très scratchées
et moi j'ai un set up de samplers pour pouvoir envoyer pas mal
d'échantillons. Bien qu'on ait tous à peu près le même
instrument, ça nous permet d'avoir quand même de petites
spécialités et d'avoir chacun notre place.
TFTC - What's next ? La sortie de
l'album c'est forcément une grosse actualité et beaucoup de travail
mais est-ce qu'il y a des projets ou des envies encore en gestation
et qui pourraient voir le jour dans les mois qui viennent ?
Supa Jay - On a déjà énormément de
travail pour adapter notre album pour les concerts, sachant de toutes
façons qu'il y a des morceaux qui resteront exclusifs au disque de
la même manière qu'il y a des morceaux qui n’existent qu'en live.
Après sans dire que c'est une envie
qui va se concrétiser ou pas, c'est vrai qu'il y a certains morceaux
de "31 Novembre" qu'on aimerait bien jouer avec une
instrumentation plus riche, avec un ensemble de musiciens par
exemple, mais en prenant le temps de faire quelque chose de pertinent,
pas trois répétitions avec des gens qui se greffent sur des titres
pré-existants. C'est quelque chose qu'on aimerait bien faire et ce
disque se prêterait bien à la rencontre de la Scratch Music et de
musiciens disons plus traditionnels.
TFTC - Ça confirme un peu la sensation
que j'ai : vous semblez avoir envie de dépasser la trop grande
technicité que l'on prête parfois à la Scratch Music et au monde
du Turntablism de manière générale, à la poursuite d'une
dimension plus mélodique, vers une plus grande
musicalité. Est-ce que je me trompe ?
Supa Jay - Ça n'est pas que ça. Se
retrouver sur scène pour proposer de la Scratch Music c'est être
assimilé à toute l'imagerie du DJ. Le public fait parfois mal la
différence entre les scratcheurs et les DJ's et avec plusieurs DJ's
sur scène, il réclame un show tout en énergie. Nous avons envie de
tirer un peu dans l'autre sens en rappellant que le Scratch est un
instrument et que c'est important d'avoir l'attention des gens.
Ce qu'on fait est souvent associé à
la musique électronique et à l'idée de faire danser les gens et
c'est parfois un peu frustrant. En fait c'est même un contre sens
parce que le Scratch est un outil pour déstructurer le son, c'est un
instrument de solo. Il faut trouver un équilibre entre la technicité
des championnats et la musique de soirées Electro, proposer des
parties intéressantes à la fois techniquement et musicalement et
être suffisamment digeste pour se produire dans des salles de
concerts.
Syr - On se tient quand même toujours
au courant. Personnellement j'ai regardé les derniers championnats
DMC. C'est pas quelque chose que l'on renie ou rejette. C'est juste
qu'on s'est positionné sur quelque chose d'un peu différent.
Supa Jay - Il faut dire aussi que tous
les trois, on a toujours travaillé avec d'autres groupes séparément
et le fait de n'avoir plus qu'un seul projet nous donne sans doute
envie de tendre vers des featurings avec des instrumentistes.
TFTC - Vous intéressez-vous à des
projets qui partagent un peu cette vision de l'utilisation de
l'instrument Scratch ? Je pense à Matmon Jazz par exemple, le
projet de DJ Ordoeuvre ...
Supa Jay - Oui, on a joué avec lui.
C'est excellent ! Ce que je dis là ça ce n'est pas à prendre
dans le sens où on serait les seuls à faire ce qu'on fait. Nous
comme d'autres essayons de tirer les choses dans ce sens là. C'est
ce qui va pérenniser le Scratch : il faut arriver à ce que les
gens impriment ces sonorités et s'intéressent à ces codes là pour
qu'on puisse continuer à en faire dans les concerts et que ce soit
le centre de notre création musicale. Il y a un tendance à
édulcorer les choses qui inquiète forcément, la Scratch Music est
une musique particulière et c'est vraiment important qu'elle garde
cette particularité.
L'instrument Scratch n'a évolué qu'à
travers les compétitions, chaque année c'était le rendez-vous pour
voir les nouvelles techniques. Maintenant quand tu as développé des
aptitudes et des techniques pour faire de la musique et bien ... faut en
faire (rires) ! Même si c'est maladroit. On n'a pas composé nos morceaux du
jour au lendemain et au début on a fait des choses plutôt
maladroites mais l'envie de faire de la musique à plusieurs nous a
mené là où on en est aujourd'hui.
Mais c'est vrai pour tous les
instruments, c'est juste que le Scratch est un instrument qui est
jeune et qui jusque là s’apprenait plutôt de manière
autodidacte. Tu verras qu'un jour on l'étudiera dans les écoles de
musique dans les cursus de musiques actuelles ... Le Rock ne
s'apprenait pas au départ, on en jouait dans les caves, aujourd'hui
on l'enseigne au Conservatoire.
Merci à Supa Jay, Syr & Geoffresh pour leur temps, leur sourire et leur talent ...
Interview by Reverend D, by phone, March 28th 2012.
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