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lundi 6 mai 2013

John Doe's interview (Tales From The Crate #161)

DJ Hip Hop remarquable et remarqué par Mr. Dibbs dès 1995, il aura fallu presque deux décennies à John Doe - et deux mixtapes catégorie Premium - pour faire enfin parler de lui. Normal me direz-vous avec un blase à ce point synonyme d'anonymat. Il était donc plus que temps pour Tales From The Crate de se pencher sur le cas de ce soldat inconnu de la culture turntabliste made in USA. Entretien.


(see below for english version)

Tales From The Crate - Tu es l'auteur des mixtapes « Popular Fallacies » et « The Last Amateur » , deux des meilleurs mixs Hip Hop que j'ai entendu ces derniers mois, et pourtant tu restes relativement inconnu. Comment l'expliques-tu ?

John Doe - Beaucoup de gens ne connaissent pas mon travail en effet, mais c'est dû en grande partie au fait que je me considère comme le Dernier Amateur ! Je ne suis pas du tout un professionnel du deejaying. Je n'ai jamais bénéficié du soutien d'un label et je ne suis associé à aucun groupe sinon le collectif 1200 Hobos de Mr. Dibbs. Dans ces conditions, je ne suis pas étonné que peu de gens me connaissent.

TFTC - Pourquoi ce surnom « The Last Amateur » ?

John Doe - C'est un nom qui me va bien. J'ai commencé à me faire appeler ainsi dès mes débuts et je continue. C'est une bonne définition de moi. C'est vrai que je suis le dernier amateur : aujourd'hui, tout le monde semble s'être professionnalisé sauf moi (rires) ! Je ne joue pas très souvent, j'ai peu de dates, je ne pars pas en tournée et j'ai un autre emploi - crois-le ou nom mais je suis chimiste. Comme je l'ai dit, je ne suis pas très connu, mais les gens qui s'intéressent vraiment aux mixtapes Hip Hop, au Turntablism ou au Scratch, ceux-là me connaissent.

TFTC - Quelles sont tes racines musicales ? Qui t'a donné envie de passer derrière les platines ?

John Doe - Le premier DJ à m'avoir influencé a probablement été Mr. Mixx du 2 Live Crew. J'ai vécu en Floride à l'époque du lycée. Tu sais peut-être que c'est en Floride que le courant Miami Bass a connu son plus fort succès et tous les DJ's là-bas avaient une manière de scratcher extrêmement rapide, c'est vraiment ce qui m'a plu. Bien sûr j'adore Jazzy Jeff, Mix Master Ice, Premier ... mais la première influence, ce sont ces DJ's scratcheurs de Miami.
C'est peut-être difficile à croire mais je n'étais pas tellement impliqué dans la culture Hip Hop avant la sortie du « Paid In Full » de Eric B & Rakim. C'est là que j'ai vraiment commencé à m'intéresser au Hip Hop, au deejaying et à la manière d'associer des morceaux.

TFTC - Le tracklist de tes mixtapes est si riche et complexe qu'il me paraît évident que tu édites les morceaux que tu joues, pour les jouer ensuite sur un système DVS ... et en même temps j'ai un doute : alors comment travailles-tu ?

John Doe - Je n'ai même pas d'ordinateur dans mon studio. « The Last Amateur » et « Popullar Fallacies » ont été enregistrés sans l'aide d'aucun logiciel. J'enregistre en analogique, uniquement à l'aide de disques vinyle. J'ai peut-être samplé ce qui me manquait depuis quelques cassettes mais pour l'essentiel, j'utilise disons 98% de vinyles.
En fait je ne possède même pas de Serato. Je n'en ai jamais utilisé. Et c'est peut-être là un point important : pas le fait que j'utilise ou non un Serato, mais c'est la raison pour laquelle je me fais appeler le dernier amateur : la plupart des gens avaient l'habitude de mixer sur support analogique, puis ont découvert le Serato est ses possibilités mais moi je ne jouait pas vraiment de toute façon ! Je n'avais vraiment pas besoin de changer pour le DVS. C'est peut-être aussi pour cela que la mixtape « The Last Amateur » n'a pas reçu beaucoup d'attention, les gens s'intéressaient plus aux trucs genre mash up, moins au turntablism comme moi je l'aime et le pratique.


TFTC - Veux-tu dire que ton travail est moins apprécié aux États-Unis ?

John Doe - J'ai entendu dire qu'outre Atlantique, vous aimiez le Hip Hop d'une manière différente, comme moi je l'aime. Je commence à croire que c'est vrai.

TFTC - A l'écoute de ton travail, on constate la vitesse à laquelle tu rentres et sors les morceaux. Est-ce important pour toi ? Pourquoi ?

John Doe - De mon point de vue, si tu laisses les morceaux trop longtemps, ça donne l'impression que ça se traîne, c'est ennuyeux, alors je préfère jouer très vite, dire ce que j'ai à dire, montrer ce que j'ai à montrer, et passer au chapitre suivant.

TFTC - A ce rythme là n'as-tu pas peur de manquer de morceaux (rires) ?

John Doe
- J'ai essayé de faire les comptes une fois, je me suis arrêté aux alentours de 250 morceaux. Je n'ai pas la patience de m'asseoir ici et de compter combien de disques j'utilise mais je ne crois pas qu'il faille s'inquiéter ! J'ai assez de matériel inédit pour m'attaquer à de nouveaux mixtapes comme mes deux précédentes, pourtant parfois j'ai la sensation que le public s'en moque, que ça n'intéressera personne. J'aimerai beaucoup m'atteler à un nouveau projet mais ma manière de travailler est vraiment chronophage vu que j'ai un emploi régulier. Ça prend du temps de sortir un CD.

TFTC - Le deejaying est-il toujours une sorte de loisirs ? C'est difficile à croire ...

John Doe - Et pourtant oui, il y a de ça (rires) ! Même si ces derniers mois, j'ai été pas mal contacté à propos de « The Last Amateur » et de « Popular Fallacies ». C'est étrange parce que « The Last Amateur » a plu de six ans !! Je l'ai créé tout seul et j'ai fait du mieux que je pouvais. Je ne comprends vraiment pas pourquoi ces derniers mois les gens s'y sont intéressé à ce point. Parfois j'ai l'impression que j'ai fait cette mixtape pour genre, cinq personnes dans le monde (rires).

TFTC - Ta biographie officielle débute avec ta rencontre avec Mr. Dibbs et le collectif 1200 Hobos. Peux-tu nous en parler ?

John Doe - Étant donné que j'aime le Hip Hop, j'avais bien entendu parlé de Mr. Dibbs et par chance, je l'ai rencontré. Il vit dans la même ville que moi et je n'en avais même pas idée ! Il m'a invité chez lui - j'avais du mal à y croire ! Je savais un peu scratcher, il m'a vu faire, m'a écouter puis il m'a dit « ça y est, tu es des nôtres, tu es un Hobo ». Moi j'étais genre « Wahou ! Je fais partie du truc maintenant ». C'était en 1995.

TFTC - Peux-tu nous parler aussi de l'émission de radio que vous avez ensuite eu ensemble ?

John Doe - C'était une émission sur une radio associative. Nous jouions du Hip Hop indépendant et parfois, on prenait les platines pour scratcher. Nous avons fait ce show pendant trois ans et j'ai adoré voir Dibbs derrière les platines, être au contact d'un bon DJ te rend meilleur.

TFTC - C'était un genre de camp d'entraînement pour toi (rires) !?

John Doe - Oui (rires) ! Il y a du vrai dans ce que tu dis !! Beaucoup de gens sont venus au studio, ça m'a appris à gérer le stress en face d'un public et j'y ai amélioré mon scratch. Quand tu te retrouves à coté d'un DJ doué, tu peux ressentir son énergie dans tes propres scratchs.

TFTC - Je crois savoir que tu as aussi tenté l'aventure DMC ... c'est exact ?

John Doe
- Oui, j'ai participé au championnat DMC ici, à Cincinnati en 1999. C'était ma première battle. Je n'ai pas gagné mais c'était une bonne expérience. J'ai rencontré des gens, j'ai pu me présenter, certaines personnes se sont souvenues de moi par la suite. Ça m'a beaucoup aidé.

 
TFTC - As-tu des vidéos de tes routines, en live ou à la maison ?

John Doe
- Je pense que j'ai une cassette vidéo quelque part mais il faudrait la numériser. Mais j'en ai une : mon deux minutes et mon six minutes. C'est là quelque part au studio, attendant d'être numériser. Je le ferai peut-être, je n'ai pas honte de mes routines même si c'était il y a longtemps. Mais d'abord il faut retrouver la cassette (rires).



TFTC - Toujours à propos de vidéo, j'ai découvert le clip de ton morceau « Nowhere To Run » ...

John Doe - Non ! Tu as vu ça aussi (rires) !? C'est moi à l'usine. J'avais cette vidéo en tête depuis longtemps, je l'avais imaginé dans le détail alors quand j'ai eu l'occasion de la réaliser, je n'ai pas hésité. Et voilà le résultat.

TFTC - On a déjà évoqué la vitesse à laquelle tu mixes mais il y a autre chose qui m'a frappé dans tes travaux : c'est le souci d'offrir une narration. Pourquoi est-ce important pour toi ?

John Doe - Bien sûr que c'est important. Si je peux revenir sur quelque chose dont nous parlions plus tôt, j'aimerai ajouter qu'outre les DJ's, c'est le fait d'écouter des mixtapes, tout spécialement celles qui fonctionnaient pour moi. J'écoutais et je me demandais pourquoi le DJ faisait ci ou ça, pourquoi il mixaient tel morceau avec tel autre. Quand j'ai eu la chance d'enregistrer ma propre mixtape, j'ai repris toutes ces idées que j'avais eu. J'ai lu quelque part qu'un bon DJ doit être capable de raconter une histoire avec les disques qu'il joue. Ce n'est pas tout à fait vrai. Je pense que si tu joues 25 morceaux, tu ne racontes rien, si tu mixe comme j’essaie de le faire, là tu racontes une histoire. Ça fait une grosse différence.

TFTC - Qu'est-ce qu'une performance live par John Doe ?

John Doe - Just turntables and records. Des platines et des vinyles. Ces deux dernières années, ma seule date a été une sorte de mini showcase que j'ai fait pour mon anniversaire. J'ai décidé de proposer un mix de vingt minutes où je n'ai utiliser que du vinyle, j'y ai mis du beatjuggling, j'y ai mis du scratch, j'y ai mis des body-tricks ... c'est comme ça que je vois un DJ set live.
Le truc c'est que si tu joues pour du public, j'aime quand mon set ressemble à ce que je propose dans mes mixtapes. Je n'aurai jamais la patience de simplement jouer des morceaux quatre heures durant. C'est une particularité bizarre mais quand je propose un showcase, je veux retrouver les sensations d'une routine DMC : les disques sur les platines, des stickers
(repères autocollant servant de repères permettant au DJ de retrouver certains sons sur le disque -ndlr), pas besoin d'utiliser ton casque ... c'est comme ça que j'aime ça !
Et si tu as bien écouter ma façon de mixer, cette rapidité dans l'enchaînement des morceaux, c'est ce que j'attends d'un DJ set.
Tu sais, je fais peu de dates, j'ai mon emploi quotidien même si j'essaye de consacrer le plus de temps possible au deejaying, et puis parfois tu te dis que tu n'intéresses personne. Peut-être que l'attention que j'ai reçu ces derniers mois m'encouragera à persévérer.

 
TFTC - Peux-tu me donner des nouvelles des autres Hobos ?

John Doe - Dibbs vit à Cincinnati comme moi mais je le vois rarement. Les autres vivent tous aux États-Unis je crois mais j'en connais en fait très peu. J'ai presque toujours travaillé seul, c'est pourquoi on ne trouve pas de collaborations avec les autres membres du collectif. Dibbs vit à quelque chose comme vingt kilomètres et pourtant nous nous voyons très peu.
 
TFTC - Quelle est la suite pour toi ? Des dates, des mixtapes, des projets ? Et où peut-on suivre tout ça ?

John Doe - Je suis sur Bandcamp, je suis sur Facebook, vous pouvez me suivre sur ces sites. Le prochain projet est une compilation de quelques productions personnelles avec des rappeurs ou des scratchs que je crois personne n'a encore entendu.
Je commence à savoir ce que je veux pour la prochaine mixtape, presque une « Popular Fallacies » volume deux. Mais je n'ai pas travaillé dessus ces derniers mois. J'ai toujours beaucoup de matière première pas encore utilisée, beaucoup de choses que je n'ai pas pu inclure dans les mixtapes précédentes.


TFTC - Merci du temps que tu nous a accordé ...

John Doe - Pas de problème, j’apprécie tous les soutiens. Vraiment. Je veux dire : jamais je n'aurai imaginé ... sérieusement, quand « The Last Amateur » est sorti, personne n'a semblé s'y intéresser.
Je me disais : « Ok, c'était marrant » et pas plus. Et maintenant, je reçois des messages de partout à propos de mes travaux, du coup je suppose que les gens me sont passé à coté lors de la sortie des mixtapes et qu'ils y reviennent. Je suis heureux que les gens s'y intéressent et j'aime bien me dire que c'est peut-être mérité. Quoiqu'il en soit c'est une bonne leçon de vie.




Tales From The Crate - You're the guy who made two amazing mixtapes called « Popular Fallacies » and « The Last Amateur » but you're still pretty anonymous. How do you explain that ?

John Doe - A lot of people are unfamiliar with my material most likely because I am the « Last Amateur » ! I'm not a professional DJ by any means. I didn't get a big push because I wasn't signed on any label, I wasn't associated with any groups, except for Mr. Dibbs' 1200 Hobos so I'm not kind of surprised that a lot of people are not familiar with me.

TFTC - Why this nick name you gave yourself, « The Last Amateur » which is also the name of one of your mixtapes ?

John Doe - I felt that the last amateur was a good title for myself, I used it when I started and I kept it. It's a good way to describe myself. It's true that I'm The Last Amateur : everyone these days seems to have gone professional in some sense, except for me (laughs) ! I'm really not deejaying that much, I don't have a lot of gigs, I don't go on tour and I have a regular job - believe it or not, I'm a chemist. As I said, a lot of people aren't familiar with my work but people who really are into Hip Hop mixtapes, Turntablism, scratch and everything, they know me.

TFTC
- What's your musical roots ? Your first influence ? Who pushed you behind the decks ?

John Doe - I would say my very first influences as a DJ was probably Mr. Mixx from 2 Live Crew. I used to live in Florida when I was in high school. You maybe know that Florida was the place the Miami Bass became really big and all the DJ's down there were scratching really fast and that what cought me. Of course I love Jazzy Jeff, Mix Master Ice, Premier ... but my main influence is Miami's DJ's.
Believe it or not, I wasn't really involved into Hip Hop culture before, I mean I was definitely interested in Hip Hop but probably not until Eric B & Rakim's « Paid In Full » came out. That was when I really started to get interested in Hip Hop, in deejaying and thinking how I can put things together.

TFTC - Your mixtapes' tracklist is so rich and complex that it's sounding like you obviously make edits, playing it with digital vinyl system but ... I don't know, how are you working ?

John Doe - No, I don't even have a computer in my studio. « The Last Amateur » and « Popullar Fallacies » were recorded without using any kind of computer software. I recorded in analog, only with vinyl records. If I don't have something, I probably sampled it from a cassette but for the most part, I used maybe 98% vinyls.
I don't even own a Serato or something. I never used it. And that's the thing ! It's not about the fact I want use a Serato or not, but that's why I'm calling myself the last amateur : people used to play analog and then they discovered new way to play with Serato but I wasn't playing at all ! There were no need to me to move over to Serato. That's maybe a reason why « The Last Amateur » mixtape didn't get that much attention, because people are more intersted by mash up and things like that, than turntablism and things like I was doing.

TFTC - Do you mean that your work isn't appreciate so much in the US ?

John Doe - I heard someone saying that overseas, people like Hip Hop the way I like Hip Hop. And I think that's true, I really do.

TFTC - It seems very important for you to blend tracks in and out really fast. Why ?

John Doe - In my opinion, if you let anyone go too long, it just seems like it might be dragging, it's boring, so I want to play pretty fast, say what I wanna, show what I wanna show and move to the next chapter.

TFTC - Aren't you afraid to not have enough tracks to make the next mixtape (laughs) !

John Doe - I tried to count my records once, and I stopped before the end around 250 tracks, I won't have patience enough to sit here and count how many records I use but I think you don't have to be scared ! I still have enough material to do another project like those two mixtapes but sometimes I'm not really sure there are people who are looking for it. I would love to make another mixtape but the way I do things is so time consuming because it's not my regular job. It takes me quite a while to put a CD out.

TFTC
- Is deejaying still a kind of hobby ? It's hard to believe ...

John Doe - Yes, there is still a part of it (laughs) ! Even if whitin the last two or three months, people are really been contacted me about « The Last Amateur » and « Popular Fallacies ». It strange because « The Last Amateur » is six years old !! I putted it out by myself and I did the best I could. I don't really know why in the past few months, people asked me to speak about and seemed very intersted in. Sometimes I feel that I made that CD's for maybe five people in the wolrd (laughs).

TFTC - Your official biography begins by your meeting with Mr Dibbs and the crew 1200 Hobos. Could you tell us about ?

John Doe - Because I like Hip Hop, I heard about Mr. Dibbs of course and by chance I met him. He lives in the same city as me and I have no idea ! I was invited to his house - I couldn't believe it ! I knew how to scratch a little bit, he saw me scratching and said « you're in, you're a hobo ». I was like « Wah ! I'm part of it now ». I met him in 1995.

TFTC - Could you speak me about the radio show you did run with Mr. Dibbs and the other Hobos ?

John Doe
- It was a community radio show. Basically we played underground Hip Hop and sometimes we took the turntables to scratch. We did the show together for three years and I loved to see Dibbs on turntables because when you scratch with a good DJ, it makes you better.

TFTC - Could I say this show was a kind of training camp for you ?

John Doe - Yeah (laughs) ! I guess you're right !! Many people who were coming to the studio, it teached me to not being nervous in front of people and made my scratch better. When you're with another skilled DJ, you can feel his energy when you're scratching too.

TFTC - Is that right that you participated to the DMC world championship ?

John Doe - Yes, I did the DMC here in Cincinnati in 1999. That was my first big battle. I didn't win but it was a good experience. I met people and introduced myself, then people knew who I was. It helped me a lot.

TFTC
- Do you have some video from then or did you record your routine ?

John Doe -
I think I have a VHS video tape somewhere but I still have to digitise it. But I do have it : my two minutes and my six minutes. It's here in the studio, somewhere, waiting to be digitise. Maybe I'll do it, I'm not ashamed of my routines even if it was years ago, but I have to find the tape first (laughs).

TFTC - Speaking about video, I also found a clip for your track « Nowhere To Run » ...

John Doe - No ! You saw that too (laughs) !? That's me at my job. I had the idea for this video, I planned it out in my head for a long time so when I had time and everything I didn't hesitate. And that's the result.

TFTC
- We aready spoke about how fast you are to blend tracks in and out but there is something else I felt in your mixtapes, it is the will of narration. Is that important for you to tell stories in your works ?

John Doe - Of course yes. If I can back up a little bit, I would like to say that aside from DJ's, the biggest influence for me to make mixtapes was listenning mixtapes that worked very good. I mean when I was listenning mixtapes I asked myself « why did he do this ? Why did he do that ? Why did he mix this with that ? » When it was my chance to record mixtapes, I putted all these ideas I got before. I also read somewhere that a good DJ is able to tell a story with the records he plays. That's kind of true, that's kind of not true. I think that if you play twenty-five songs, that's really not telling a story, if you do the way I do, that's telling a story. There's a huge difference, you know.

TFTC - What is a live performance by John Doe ?


John Doe - Just turntables and records. In the last couple of years, the only thing I did is a kind of short showcase for my birthday. I decided to do a twenty minutes set and I used only vinyls, I did juggle, I did scratch, I did body tricks ... that's the way I do live DJ set.
The thing is if I play out live, I like it to sound a little bit like my mixtapes. I don't think I have the patience to playing songs for four hours. I know it's a weird thing of mine but if I'm doing a showcase, I want to have the feel of a DMC routine : records on turntables, everything is marked, you don't use headphones ... that's what I like to do ! And if you listen my mixtapes and the way I play songs in and out so fast, that's the way I want to play a DJ set.
You know, I really don't do a lot of gigs, I have a regular job and even if I try to dedicate as much time as I can to deejaying, and sometimes I feel that the audience isn't there. Maybe all this attention I got the last couple of months will change how I feel about it.

TFTC
- Can I have some news from other Hobos ?

John Doe - Dibbs lives here in Cincinnati also but I see him very rarely. The other Hobos are living in the United States but I don't really know a lot of them. I pretty much record by myself all the time, that's why my mixtapes are most often just about me. Dibbs even live in the same city than me, there maybe only twenty miles between us but I don't see him very often.

TFTC - What's next ? Gigs ? Project ? Next mixtapes ? And of course where could we find you on internet ?


John Doe - I'm on Bandcamp, I'm on Facebook, check me out there. Next project is a compilation of some things I did by myself, I actually produced a few songs with different MC's from here and with scratches I think people never heard me do. I have a kind of concept for another CD, almost a kind of « Popular Fallacies » number two. But I haven't really progressed with that in the last past months. There is still a lot of material I never used in my mixtapes, a lot of outtakes too.

TFTC - Thank you to give us a little bit of your time ...

John Doe - No problem, I appreciate all the support. Really I do. I mean, I wouldn't never tought ... Ok seriously, when « The Last Amateur » came out, no one seemed to be interested. I was like : « Ok, it was fun » nothing more. And now, I receive a lot of emails and a lot of contacts about it so I guess a lot of people missed it the first time around. It's amazing, I'm happy that people checked me out and I like to think it's maybe deserved. Anyway it's a lesson.


Thanks to John Doe for his smile, time and skillz.

Interview by Reverend D, by phone, April 21st 2013.

mercredi 13 février 2013

Speech Debelle's interview

De passage à Bruxelles pour défendre son album "Freedom of Speech" (2012, Big Dada) sur la scène du Botanique, Speech Debelle nous accordait quelques minutes le temps d'une pause tabagisme à vocation digestive. Rencontre avec une MC qui en a ... (du talent. Vous pensiez à autre chose ?)


(see below for english version)

Tales From The Crate - Tu as commencé à écrire à l'âge de neuf ans et tu rappais à treize. Comment expliques-tu cette vocation précoce ?

SpeechDebelle
- Je ne sais pas vraiment ... c'est jute venu naturellement, ça avait du sens pour moi. Mais c'est vrai que c'est inhabituel. Il y a un souvenir qui m'a marqué, cela date de l'école primaire : l'institutrice nous avait demandé d'inventer une histoire à propos de Noël. Je l'ai écrite comme un poème et j'ai tout de suite su qu'il y avait un problème avec ça parce que quand la professeure l'a vu, elle m'a regardé comme si ... j'étais une chose bizarre ! Je me souviens de ses yeux. Ce que j'avais fait ne figurait clairement pas dans les livres scolaires (rires). J'ai remarqué sa réaction j'ai pensé que j'avais vraiment fait quelque chose de spécial. Je ne savais pas exactement quoi mais j'avais fait quelque chose de spécial.

TFTC - Personne ne sait vraiment ce qu'il s'est passé pendant les quatre ou cinq ans qui ont précédé la sortie de ton premier album sinon que tu as quitté le domicile familial à dix-neuf ans ... est-ce à cette période que tu es devenue l'artiste que l'on connaît aujourd'hui ?

Speech Debelle
- Non, ce n'était pas une période pour devenir quoique ce soit. J'ai passé ces années à fumer, boire et à ne rien faire, il n'y a rien de remarquable à signaler à cette période. J'ai vraiment passé ces années à ne rien faire et ce serait une erreur de faire croire que c'est ce qui m'a construit en tant qu'artiste parce que peu de choses m'ont été bénéfiques dans la vie et que traîner pendant quatre ans n'aidera jamais personne. C'est une peu comme quand des gens sortent de prison en disant qu'ils y ont obtenu un diplôme, tu leur réponds : hey, tu étais en prison, tu vois ce que je veux dire (rires) !? Ce n'est pas quelque chose dont j'aime parler de toute façon.
 


TFTC - Crois-tu qu'il y ait un lien entre la précocité de ton talent et le fait que tu aies ressenti le besoin de souffler pendant ces quelques années ? Étais-tu finalement trop jeune pour faire des trucs d'adulte ?

Speech Debelle
- Oui, peut-être. Mais commencer si jeune avait du sens pour moi, j'étais sûr qu'écrire était mon rôle en tant qu'être humain, en tant que Corynne Elliot (son vrai nom -ndlr). Mais ça s'est peut-être manifesté un peu trop tôt.

TFTC
- Ta musique est empreinte de mélancolie, à la fois dans les instrumentaux et dans tes textes, d'où cela vient-il d'après toi ?

Speech Debelle
- Je crois qu'il y a toujours une chanson ou une période particulière de la vie d'un artiste où il se sent connecté avec la musique, créant un lien original qui l'aide à avancer dans son art. Pour moi ce sont les chansons "Human Nature" de Michael Jackson et "Slippin" de DMX. Ces morceaux sont pleins de batteries, de violons et de guitares. Ce sont trois éléments musicaux sur lesquels je ressens le besoin d'écrire. Ces chansons m'ont profondément touché et je pense qu'elles influencent toujours ma façon de travailler. La musique est un échappatoire et j'aime créer des morceaux dans lesquels je peux m'évader. Mais je crois savoir ce que tu as en tête et je dois donc préciser qu'il ne s'agit que d'un choix musical.

TFTC
- Ton premier album, sorti en 2009, n'a pas rencontré le succès qu'il méritait et tu n'as alors pas été tendre avec ton label, Big Dada (label Hip Hop lié à Ninja Tune -ndlr). Pourtant tu es de retour sur Big Dada avec ton second long format, peux-tu expliquer pourquoi ?
Speech Debelle - Les gens n'ont pas interprété correctement ce qu'il s'est passé entre le label et moi autour du premier album. Ce que l'on appelle « succès » dans notre société est biaisé. Ça n'a rien à voir avec le fait d'être riche. Le succès c'est être heureux. Voilà ma conception. J'ai été très heureuse lorsque mon album est sorti, je le suis toujours et pour moi, presque quatre ans de bonheur c'est un sacré succès (rires) ! Je gagne plus d'argent que si j'avais un emploi régulier, même si on peut toujours en gagner plus, et je réalise à présent qu'à mes yeux l'argent n'est pas synonyme de succès dans le sens où plus tu en as, plus tu en veux. Suis cette voix et tu ne seras jamais en accord avec toi-même.

TFTC
- Je peux comprendre cela mais tu as vraiment eu des mots très durs à l'égard de Big Dada à propos de leur gestion du premier album. Des excuses ont-elles été nécessaires pour continuer à travailler ensemble ?

Speech Debelle
- Non, non, non, je ne suis pas du genre à m'excuser, je n'ai jamais été douée pour ça honnêtement (rires). Quoiqu'il en soit, il ne s'agit que d'une relation professionnelle, la seule différence entre eux et moi étant que je suis mon propre business. Et quand tu travailles avec des gens du métier, tu dois parler aussi fort qu'eux, tu dois être aussi déterminé qu'eux, et j'ai constaté que ça pouvait être très difficile parce que tu es seul face à toute une équipe. Et d'un autre coté, c'est beaucoup plus facile pour eux de te faire passer pour la méchante de l'histoire. Si je veux être entendue, il faut parfois être dure. Il n'y a que comme ça que je pourrai créer quelque chose.



TFTC - Je profite que tu sois londonienne pour te demander ton avis sur l'explosion de l'énorme génération montante de MC's britanniques aussi à l'aise sur le Dubstep, le Grime, le Hip Hop ... Est-ce un phénomène que tu surveilles ?

Speech Debelle
- Je crois que c'est une période bénéfique pour la musique noire en Angleterre. Ce n'est pas spécialement nouveau puisqu'il y a toujours eu des artistes noirs qui connaissaient le succès mais la grosse différence à présent c'est qu'il ne s'agit plus de nous faire passer un à la fois, c'est tout une vague qui monte ! Je pense que c'est la première fois dans l'histoire musicale anglaise qu'on assiste au succès simultané de plusieurs artistes noirs. C'est à croire que jusque là, il y avaient des types qui attendaient qu'un chanteur black disparaisse pour en faire monter un autre (rires) ! Il faut savoir que la culture noire a une grande influence au Royaume-Uni et en même temps on voit émerger une nouvelle culture actuellement, mélangeant les influences des blancs, des noirs etc. C'est en train de changer notre façon de créer. Quand j'observe ça, je me dis que c'est mon devoir de faire en sorte que de plus en plus de gens puissent s'infiltrer dans cette brèche. C'est peut-être la meilleure période qu'ait connu la musique noire en Angleterre.

TFTC
- ... est-ce vrai aussi pour des jeunes MC's comme Kozzie qui sont presque exclusivement préoccupés par les fêtes et l'exercice de l'ego trip (et bien que ce soit un excellent rappeur) ?

Speech Debelle - Ça a toujours été comme ça ! Les rappeurs ont toujours joué la carte du Je suis meilleur que toi ... Pense à LL Cool J ou au Wu Tang Clan. Le Wu Tang faisait des chansons pour montrer qu'ils étaient plus intelligents que les autres et c'est en suivant cette voix que RZA a écrit à propos de spiritualité, de dimensions parallèles et de tout un tas d'autres trucs que personne n'avait entendu jusque là. Et pourtant, au départ, l'intention est juste d'asseoir ta prétendue supériorité ! Il n'y a rien de mal à cela.
Même si ce n'est pas mon approche du Rap, c'est quelque chose que j'apprécie.

TFTC - Pour finir, que puis-je te souhaiter pour la suite ?

Speech Debelle - Plus de bonheur ! C'est le plus important et c'est ce que je suis en train d'apprendre. J'ai presque 30 ans à présent, les choses sont en train de changer pour moi. Je rentre dans un nouveau cycle de ma vie et je souhaite juste en profiter au maximum !


Tales From The Crate - You were nine years old when you start to write, and thirteen when you start to rap. How do you explain this very early vocation with words ?

Speech Debelle - I don't really know ... it was just something that just came naturally, something that was meant for me.Yes, it was unusual. I remember something in primary school : the teacher gave us a story to write about Christmas. I wrote it as a poem and I knew something was wrong because when the teacher saw it, she looked at me like ... what the hell are you !? I remember her eyes. What I did was definitely not in her teacher's handbook (laughs). I were noticing her reaction and I remember that I thought to myself : I've done something here, I'm not sure what it is but I've done something.

TFTC
- Nobody really knows what happened during the four or five years before your first album release except that you has quit your family place at nineteen ... was it the time for you to become the artist you're today ?

Speech Debelle
- No, it wasn't really time of anything. It was a time for smoking, drinking and not doing anything, it was nothing memorable during these years neither really much to talk about. I had a couple of years of not doing anything and it would be wrong of me to say that is what made me an artist because there is only a few things that happened in my life that benefited me and I don't think running around for four years really helps anyone. You know, when people go to jail, they're always explain they got a certificate or something there ... yeah, but you were in jail, you know what I mean (laughs) !? It's not something I really like to speak about anyway.


TFTC
- Do you think there is a link between your early vocation and this time when you seemed to need to take a breath ? Were you too young to make adult's stuffs ?

Speech Debelle
- Yes, maybe. But I started so young because it was meant for me, I just knew to write was my job as a human being, as Corynne Elliot (her real name -ed). But it maybe came too early.

TFTC
- Your music is full of melancholia, I mean both in the sound and the lyrics, where does it come from ?

Speech Debelle - I think that every kind of artist has a link to music which means there was a particular song or a particular time in his life where he was connected to it and that's why they always go to. For me, it was a song by Michael Jackson called "Human Nature" and another one by DMX called "Slippin". These songs are all about drums and strings and guitars. These are the three musical elements that I must draw on to. These songs affected me the most and I think it still influences my way to create. Music is escapism and I like create music that I can espace to. But I know what's in your mind and I have to say it's nothing but a musical choice.

TFTC
- Your first album, released in 2009, didn't meet the success it deserved and you weren't kind with your label, Big Dada (A Hip Hop label linked to Ninja Tune -ed). Now, you're back on Big Dada for the second one, could you explain why ?

Speech Debelle - No, that's a misconception. I think what we call success in our society is fuzzy. Success isn't being rich. Success is being happy. That's my opinion. When my album came out, I was happy, I'm still happy now and nearly four years being happy is a success to me (laughs) ! I have more money than if I have a day job, even if you can always have more, and I realize now that money doesn't mean success to me because the more money you have, the more money you need. Follow this way and you won't ever be cool with yourself.

TFTC
- I can understand that but you really had words with Big Dada over the management of your first album. Did you apologize or something ?

Speech Debelle
- No, no, no, I'm not really into apologize to be honnest, I'm not really good for that (laughs). Anyway, it's all about a business relationship, the only difference between I and them is that I am my business. And when you have to deal with business guys, you have to speak as loud as them, you have to be as determined as they are, and I saw it's more difficult for you because you're just one person in front of a team. And in the other hand it's easier for them to pose you as a bitch. If I want to be heard, I have to be hard. And I have to be because I'm building something.

TFTC
- You come from London so what do you think about this upcoming massive british new generation of MC's rapping on any kind of sound : Dubstep, Grime, Hip Hop ... Is it something you're keeping an eye on ?

Speech Debelle
- I think right now is a good time for black music in England. It's not something really new, there always were good black artists in charts or something but the main difference is that it's not one at a time anymore, it's a wave ! I think that's the first time in british music that there is more than one black success at a time. I mean until now it seemed like there was some guy waiting for one artist to leave to remplace him with another black (laughs) ! You know, black culture is so influential in the UK that it's creating a brand new mixed culture which is rising there, changing our way to create. I'm part of that and it's my job to make easier for more people to come through. It's probably the best time ever for black music in England.

TFTC
- ... including young guys like Kozzie which is exclusively about partying and ego trippin' ?

Speech Debelle
- That's always been ! Rappers have always been about I'm better than you ... Look at LL Cool J or Wu Tang Clan. Wu Tang made songs about saying I'm more intelligent than you. Following this way RZA did verses about spirituality, others dimensions and many stuffs that nobody heard before in Hip Hop. And yet, it was only about I'm superior ! I don't see anything wrong with that.
Even if I don't really rap like that, it's something I appreciate.


TFTC
- What can I wish you for next months ?

Speech Debelle
- You can wish me more happiness. It's the most important, that's what I come to learn. I'm almost 30 now, things are changing for me. I'm in a new row in my life and I just want being happy the most !



"Speech Therapy" and "Freedom of Speech" are both available on Big Dada.


Thanks to Speech Debelle for her smile, time and talent.

Interview by Reverend D, Junuary 31st 2013.

lundi 10 décembre 2012

Odezenne's interview

Coincé dans les ruelles bruxelloises d'un quartier où on s'emmerde ferme, l'Atelier 210 n'a jamais été un incontournable des nuits Hip Hop de la capitale belge. La surprise n'en était que plus grande d'y croiser tout à la fois le toujours crépusculaire Veence Hanao, Mochélan, toujours aussi entraînant qu'intelligent, et les excellents frenchy Odezenne ... qu'on m'a en plus autorisé à aller chatouiller en loges micro à la main. Rencontre avec ces quatre bordelais d'adoption.


Tales From The Crate - Odezenne, Veence Hanao et Mochelan : ce soir c'est un peu la soirée Rap des gens qui n'écoutent pas de Rap. Au gré des sorties on vous accorde justement une étiquette 100% Hip Hop puis pas du tout ... est-ce que ça vous gonfle ce jeu des tiroirs où le public et la presse cherchent à vous ranger ?

Alix (MC) - A nos yeux c'est plutôt bon signe d'être difficile à catégoriser. Mais pour Odezenne ce serait plutôt le problème inverse puisqu'on nous a mis d'office dans la case Hip Hop. Dans pas mal de magasines on a eu droit à « la relève », « la renaissance », ce genre de conneries ... et c'est plutôt nous qui refusons ça parce qu'on prétend faire autre chose. Comme toutes les étiquettes c'est chiant.

TFTC - La France a-t-elle un problème avec le rap français ? Elle a Le Sept, Grems, Soklak, Fuzati, Oxmo Puccino, Rocé, Vicelow, La Fronce ... et s'entête à ne parler que d'Orelsan et du nouveau Booba.
Alix - Il y a un cap média qui est un peu compliqué à passer parce qu'effectivement les couvertures sont réservées à d'autres gens. Mais pour tous les noms que tu as cité, tout comme pour nous, avec ou sans couverture, on fait notre musique, on fait des tournées et on en vit plutôt. On n'a pas à se plaindre, il y a des gens qui nous suivent ! On vient à Bruxelles ce soir et on attend au moins 200 personnes (il y en aura finalement beaucoup plus -ndlr). Il y a de la musique qui est faite pour plaire tout de suite et à beaucoup de monde, et puis de l'autre coté du spectre il y a des choses peut-être moins accessible mais ...

Mathia (producteur et guitariste)
- ... qui plaît plus mais à moins de monde.

Alix
- Bien vu ! Mais ça nous va comme ça, on ne cherche pas à remplir les stades, sinon il nous faut faire autre chose (rires).

TFTC - Pour terminer avec les ponts ou les comparaisons sur l'échiquier Rap hexagonal, vous m'avez parfois fait penser à un autre bordelais : Grems, autant dans certains textes que dans votre approche du jeu artistique. Est-ce quelqu'un que vous connaissez ? Que vous appréciez ? Peut-être même quelqu'un qui vous a influencé ?

Alix
- On n'est pas de Bordeaux mais on y habite. Disons que le groupe Odezenne existe depuis le premier concert à Bordeaux en Avril 2007, date à laquelle on s'est tous retrouvé là-bas bien que l'on soit tous d'ici et d'ailleurs.
On ne peut pas dire que Grems nous ait inspiré, tout simplement parce qu'on n'a jamais beaucoup écouté ce qu'il faisait jusqu'à récemment même si on surveillait de loin ... enfin je dis "on" mais je devrai dire "je" : ni Mathia ni Jaco ne connaissaient. Et puis je trouve qu'on n'a pas du tout la même manière de rapper. Il est super rapide et très technique, c'est un gros performer. A part sur les morceaux « Saxophone » et « Tu Pu Du Cu » où on partage un peu sa façon de jouer avec les mots ... mais bon on a fait quarante titres et sur les quarante on en trouve deux qui font penser à ce genre d'exercice de style mais il y en a trente-huit qui n'ont rien à voir. Tu comprends donc qu'on ne puisse pas te dire que Grems nous a influencé, d'autant qu'on ne le connaissait pas trop. Par contre on l'a rencontré il y a un mois à Nîmes sur un plateau en commun et on s'est hyper bien entendu. On l'a invité à venir ce soir, on le fait également jouer lors de notre grosse soirée à Bordeaux le 15 décembre, ce qu'il a accepté. C'est une belle rencontre et quelqu'un qu'on apprécie. Je suis vraiment admiratif de sa productivité, de sa façon de faire, de simplicité et de son éthique ... après ce n'est qu'une première impression, je ne le connais pas très bien.


Mathia (à gauche) et Jaco
TFTC - Sans vouloir insister, Grems est connu pour baigner à la fois dans la musique et le graphisme (il est graffeur, illustrateur et graphiste -ndlr), c'est là encore un trait commun puisque vous entretenez des collaborations assez fidèles avec des artistes venus d'autres disciplines : Romain Winkler pour les vidéo clips, Edouard Nardon pour vos visuels ... Est-ce important de constituer ce genre de famille aux compétences variées ?

Alix
- C'est une question qu'on nous pose souvent alors qu'on est étonné que ce ne soit pas ça la règle. Quand on défend une musique on est amené à passer par des supports promo mais nous n'avons pas d'équipe marketing ou de gens chargés de la communication qui bossent pour nous. Par contre, on est entouré de plein de gens très créatifs avec qui de temps en temps on va imaginer d'investir tel ou tel support. L'image, le texte, les clips, le CD, la pochette, tout devient un espace de création.

Jaco (MC)
- Tu es obligé de faire des clips, tu es obligé d'avoir une pochette, tu es obligé de faire des flyers, tu es obligé de faire des affiches ... et plutôt que de tout charter comme tout le monde, parce qu'on estime que les gens ne regardent plus ces affiches qui se ressemblent toutes, on prend le parti de s'amuser : tu mets un chien qui te fait coucou avec un ciel bleu et un soleil derrière, les gens ne savent pas qui tu es mais ça les intriguent et ça peut même être rafraîchissant pour eux, leur décrocher un sourire.

TFTC - Depuis la sortie de l'album « OVNI » vous rencontrez un certain succès pourtant on en sait toujours assez peu sur votre biographie : pourriez vous me raconter les débuts d'Odezenne ?

Mathia
- En gros, j'étais à la Fac, je devais avoir vingt ans, Alix rentrait d'Angleterre et m'a dit « ce serait bien qu'on fasse du Rap ». On s'était connu à quinze piges et à l'époque je faisais du Rock, beaucoup d'Electro et je n'avais jamais écouté un seul disque de Rap. Donc il m'a fallu m'adapter, leur moyen d'expression passe par cette musique là et j'ai donc essayé d'en comprendre les codes mais on a toujours pensé que ces barrières étaient là pour être élargies voire cassées, d'autant plus que ce n'était pas ma vision musicale ... et au final eux ne se limitent pas à ça non plus. On a donc commencé à faire des morceaux, puis Lodjeez (le DJ -ndlr) a très vite rejoint l'écurie.


TFTC - Justement, la formation live qui casse l’éternel binôme Hip Hop scénique à savoir un DJ et un ou des MC's, est-ce volontaire de votre part ou les choses se sont-elles juste imposées comme ça ?

Jaco
- On n'a pas le choix !

Mathia -
Je suis musicien avant d'être producteur. En fait je ne me considère même pas comme producteur. Il y a la musique et les textes dans notre groupe et tout ça doit être joué, plus comme un groupe de Rock que comme du Rap. Tu parlais tout à l'heure de se positionner par rapport à l'étiquette Rap mais je me pose souvent la question suivante : si les rappeurs mettaient de la mélodie dans leur couplets, juste une pointe de mélodie, un truc à la Gainsbourg qui rappait presque, alors qu'est-ce que ce serait comme musique ? Comment l'appellerait-on ? Ce n'est pas parce que quelqu'un chante que le morceau devient une chanson. Et quand bien même, je n'ai jamais vu de bac chanson dans un magasin de disques.

Alix
- C'est un peu étrange cette question - qu'on nous pose souvent - sur la volonté de se démarquer, comme si tu pouvais avoir conscience d'un code ou d'une posture musicale, comme s'il y avait un bouquin pour t'expliquer la définition de tel ou tel genre. Il faudrait déjà avoir conscience de ce que tu veux produire, ce qui me paraît une position hyper prétentieuse, comme si tu avais un contrôle sur ta création. On est juste des potes, on fait notre truc entre nous et on n'a pas de livre de chevet qui nous dit comment faire les choses ou plutôt dans le cas présent comment ne pas les faire pour sortir du cadre.
On n'a jamais prétendu faire du Rap, on n'a jamais prétendu à quoique ce soit d'ailleurs. On a un mec qui joue de la musique, alors il joue sur scène. Lodjeez fait du scratch ? Bien. Et puis avec le temps il assume de nouveaux rôles, très bien ! Et plus ça ira, plus il fera de choses. Jaco et moi peut-être qu'un jour on se mettra à chanter ... je ne sais pas ! On n'a pas une approche à priori et surtout on n'a aucun recul sur ce que l'on fait.


Mathia
- Notre vie est un coup d'essai. C'est tenter de passer du temps en réalisant des choses, de préférence du bon temps. Pour l'instant tout ça nous paraît efficace à vivre. Pour l'instant ça vaut plus le coup de faire ça qu'autre chose. On ne gagne peut-être pas notre vie avec mais ça nous prend déjà une bonne moitié de notre journée de vingt quatre heures.

Alix
- Avant de savoir ce qu'il faut faire pour être différent ou je ne sais quoi, on fait surtout ce qu'on peut, avec ce qu'on a. Il n'y a pas plus d'ambition que ça à ce stade.

Jaco
- Tu vois, il y a une recette de la Blanquette. Tous les cuistots utilise la même. Et nous on va y mettre du bœuf, juste parce qu'on préfère le bœuf. Alors ça ne va pas avoir le même goût, ça va plaire à des gens et à d'autres pas ... Mais au final on s'en tape, parce qu'on préfère manger de la Blanquette au bœuf, parce qu'on aime ça.

Mathia
- Ça va même au delà : on ne va même pas faire de la Blanquette, on va ouvrir le frigo, mélanger des ingrédients qui nous font envie et voir ce que ça donne ... et si c'est bon on garde, que ça ressemble ou non à une recette connue.

Jaco (à gauche) et Alix
TFTC - Est-ce que c'est parce que vous êtes encore dans cette phase instinctive et expérimentale que vous proposez si peu voire pas du tout de collaborations, de « featuring » qui est un jeu auquel on se prête assez facilement dans le milieu Hip Hop ? Ou ce type de proposition ne vous intéresse-t-il juste pas ?

Jaco
- Il y a une troisième possibilité que tu oublies, c'est que personne ne nous appelle pour une collaboration, sauf certains gars avec qui on fait de l'image.

Alix
- Il a raison, on a pas tellement de propositions de ce genre mais c'est quand même arrivé et là on était un peu genre « ouais, on s'appelle mais là c'est un peu chaud en ce moment » (rires) ! On veut bien collaborer avec des gens mais il faut qu'ils comprennent l'approche qu'on a. S'ils commencent par « tiens, on va faire un morceaux de rap » c'est mort. S'ils commencent par « tiens, on va faire un morceau de rap différent » c'est encore plus mort. Tu vois ça restreint le cadre ... Si on vient nous voir avec une proposition du genre « viens, on va faire un clip où on va marcher dans la rue avec nos potes, on va faire les oufs devant la caméra en récitant des lyrics super vite » là aussi c'est mort. Du coup la question c'est avec qui on pourrait avoir envie de ça ? Avec Veence Hanao, peut-être qu'un jour on fera quelque chose parce qu'on aime bien sa façon d'écrire, que c'est un mec ouvert et qu'il n'a pas l'air tellement sûr de lui. Ça, ça nous plaît parce que nous non plus.

TFTC - Si je suis votre logique, il faudrait alors plus s'attendre à un featuring instrumental, voire un remix ...

Alix
- Pour ça il faudrait que Mathia laisse sa place, c'est pas gagné non plus (rires) ...

Mathia
- C'est clair ! Tu vois, on est tous relou (rires) ... avec un DJ plutôt.

Lodjeez
(DJ) - Non, ça m'énerverait.

Mathia
- C'est une question qui revient parce qu'on nous place d'office dans un univers Hip Hop mais ça se voit très peu dans le Rock, ou alors pour des concerts. On a quand même plus une démarche de groupe de Rock en fait. Comme Alix l' dit, on pourrait le faire avec Veence Hanao mais naturellement ni l'un ni l'autre on ne se l'ait proposé alors qu'on apprécie son travail et réciproquement. On se cherche déjà tellement. C'est dur de nous plaire à nous. Quand tu écoute la grande musique, les grands paroliers, il y a quelque chose qui se passe et quand tu fais de la musique c'est pour essayer de retrouver ce que tu as vécu et compris à travers ça. Il faut que ça nous donne le même frisson sinon c'est raté. Du coup tu avoueras qu'on est loin de la démarche « j'vais faire un feat avec lui, ce sera super ».

Alix
- Il ne faut pas oublier qu'à la base, ces histoires de featuring ou de collaborations ont été inventé par des mecs dans des bureaux marketing pour des plans stratégiques et pour aller croiser les publics de deux artistes. Ce sont des mauvaises raisons. Concrètement, les vrais duos, les vraies rencontres musicales, se comptent sur les doigts de la main dans une carrière. Un jour on aura naturellement envie de ça mais c'est aussi normal qu'on en ponde pas à tout bout de champs. On n'a pas d'objectif de vente, de rentabilité, on n'a pas envie d'aller séduire des gens en allant draguer tel ou tel interprète, parce que c'est de ça dont il s'agit ! Tu prends deux mecs qui font un vague buzz chacun de leur coté, ils ont 20% de public en commun et tu les fais chanter ensemble pour vendre un maximum. Ce sont juste des décisions stratégiques. On a rencontré un directeur artistique chez Columbia et le mec nous expliquait que si on voulait montrer qu'on était plutôt orienté chanson, on pouvait envisager un featuring avec Camille ... non mais sans déconner, il faut arrêter le délire, on fait de la musique, c'est tout.


TFTC - Rayon potins : vous avez démarré sous le pseudo O2zen avant de devenir Odezenne en toutes lettres ... pourquoi ?

Alix
- Odezenne, c'était le nom d'une dame. Elle s'appelait madame Odezenne, comme on l'écrit actuellement. Entre temps on a eu ce petit écart de mauvais goût, ce jeu de mot merdique comme font tous les coiffeurs ou les esthéticiennes tu vois : « Épile et face » et O2zen, même combat (rires) ...

Mathia
- On s'est repris juste à temps avant la sortie de l'album, après ça aurait été trop tard.

TFTC - Vous êtes presque au bout de votre tournée qui dure depuis des mois. La suite pour vous, c'est quoi ?

Alix
- La fin de la tournée d'abord, on fait attention à chaque concert. Ce soir c'est Bruxelles et ça nous paraît super étrange. T'as beau savoir que t'es plus ou moins tête d'affiche et que la plupart des gens dans la salle ont sorti leurs dix balles pour te voir toi, ça reste bizarre de se dire que si loin de chez toi tu fais déplacer 200, peut-être 300 personnes. Donc on va essayer de faire ça bien. Ensuite il reste Grenoble, Lyon puis notre grosse soirée à Bordeaux le 15 décembre qui s'appelle OVNI Orgie Party pour laquelle on invite tous les gens avec qui on a bossé depuis deux ans : les photographes, les réalisateurs, les peintres ... ça va être une grosse soirée, de 19H à 5H du matin dans un centre culturel qui est énorme et peut accueillir jusqu'à 1500 personnes. On mise beaucoup sur cette soirée, on a passé beaucoup de temps à l'organiser.
Et après ça c'est création : retour à l'écriture, à la composition ... Bon d'abord c'est quatre mois de pause, j'annonce qu'on ne prendra aucune date pendant tout ce temps. On essaye de se vider un peu la tête, se reposer et retrouver assez de jus pour écrire. L'avantage de la façon dont on fait les choses c'est qu'on est très libre. L'inconvénient c'est qu'on dépense beaucoup d'énergie à autre chose qu'à la création.


Merci à Alix, Jaco, Mathia et Logis pour leur temps, leur bonne humeur et ... leur live !

Interview by Reverend D, Atelier 210 (Brussels), December 8th 2012.

mercredi 28 novembre 2012

DJ Perplex's interview (Tales From The Crate #139)

Tales From The Crate plus fort que Thomas Cook ou comment effleurer les dancefloors australiens sans décoller ses miches du canapé : interview garantie 100% steak de kangourou en compagnie de DJ Perplex, l’une des paires de mains les plus titrées des antipodes …


(see below for english version)

Tales From The Crate - Commençons par le commencement : peux-tu nous parler de tes débuts en tant que DJ : quand, comment, les raisons, les influences ?

DJ Perplex - Bien sûr, je suis très doué pour parler de moi, tout comme la plupart des gens (rires) ! Je mixais déjà vers la fin des années 90 mais j'ai vraiment commencé en tant que turntabliste, je veux dire avec une vraie installation pour le Turntablism, en 2001. Le deejaying connaissait alors un succès sans précédent, un genre de super explosion de la discipline, c'était énorme à l'époque. Ce phénomène a eu une très grande influence sur moi. J'étais assez jeune à ce moment-là et affamé de rentrer dans ce cercle, en particulier dans l'univers Hip Hop. J'étais passionné par le graffiti jusqu'à ce que je passe au deejaying, il faut dire que pour être un DJ turntabliste, il faut s'impliquer 24 heures par jour et 7 jours sur 7. Dès le début c'est devenu une passion, j'étais totalement concentré sur l'aspect battle de la discipline, plus que sur le mix en clubs ou n'importe quel autre cadre. Je dois dire aussi que j'ai eu de la chance dans la ville d'où je viens, Melbourne en Australie, nous avons eu énormément de très bons DJ's, tout spécialement à l'époque. Tu as peut-être entendu parler de DJ Dexter, il vient de Melbourne et a beaucoup influencé la scène locale. DJ J Red, Select, Ransom, tous ces gens ont été autant de sources d'inspiration pour moi. Quand tu es jeune, le petit nouveau de cette scène, tu passes ton temps dans les clubs où ils se produisent pour écouter leurs techniques sur de vrais disques vinyle. Ils font tous partie de la forte culture Hip Hop qui baignait la ville où j'ai grandi et ce sont eux qui m'ont influencés quand j'ai commencé le deejaying.

Tales From The Crate - La question peut te paraître étrange mais c'est quelque chose dont il est difficile de se rendre compte depuis l'autre coté du monde ; Qu'en est-il de la culture Hip Hop en Australie ?

DJ Perplex - Il y a une très forte culture Hip Hop en Australie, au présent et par le passé. L'aspect historique est très important car nous avons connu une belle scene Hip Hop old school. Certains pays ont eu la leur, d'autres pas, pourtant c'est très important dans la mesure où c'est cette scène old school qui construit année après année une culture moderne plus forte. Le breakdance était particulièrement important autour de 1984 - ce qui date de bien avant mon époque : je suis né en 1983. Le milieu des années 80 a été un tournant majeur pour le Hip Hop australien, en particulier concernant le breakdance et le graffiti. Il y avait beaucoup de DJ's qui baignaient également dans les autres disciplines de la culture Hip Hop : ils rappaient, graffaient, dansaient et mixaient. Et j'adore cet esprit B-Boy hérité des 80's. Comme je le disais, il y avait quelques gars vraiment doués comme DJ Ransom, une grosse influence à Melbourne. C'était un roi, une pointure en graffiti qui peignait des trains et s'impliquait dans tout un tas de projets avant de devenir un DJ Hip Hop génial en clubs. Ce n'est pas le seul bien sûr mais il y a trop de noms à citer.

Melbourne est un peu le carrefour culturel de l'Australie. C'est un peu le New York australien je suppose (rires), à cause de l'atmosphère qui y règne et la richesse de son histoire culturelle. Il a fallu qu'on se construise au sommet de tout cet héritage, c'est peut-être ça qui explique l'émergence d'autant de bons DJ's quand moi-même je commençais, bien avant Youtube et Internet. Nous n'avions que les cassettes et n'entendions des DJ's que sur quelques radios ou sur les disques. C'est comme ça que ça marchait. Et dans le même temps, voir tout ça en vrai est une toute autre expérience, assister aux prestations de tous ces DJ's live, en chair et en os, les voir faire tous ces trucs de dingue en direct alors que je n'étais encore qu'un gosse, c'était grandiose pour moi et c'est sans doute ce qui m'a donné le feu sacré pour m'y mettre moi aussi et devenir le meilleur derrière les platines.


Tales From The Crate - Puis vinrent les premières battles ... avec un certain succès d'ailleurs !

DJ Perplex - C'est ça, j'ai participé à ma première battle en 2004, après quelques années à m'entraîner sur mon installation maison. J'ai attendu d'être suffisamment bon aux platines. Pour prétendre directement au titre de champion, il fallait que je sois vraiment prêt et ma première compétition a été le DMC ... que j'ai remporté ce qui m'a donné assez d'énergie pour continuer à concourir à la fois sur le circuit DMC et ITF. En 2005 j'ai gagné le championnat ITF dans les catégories équipe et beat juggling ainsi que le championnat DMC australien. J'ai représenté mon pays à Londres pour les finales internationales du DMC en 2006, 2007 et 2008. J'ai également participé à l'IDA world en Pologne en 2009. Il y a eu quelques autres battles ici et là, le Redbull Thre3 Styles plus récemment ... donc oui, j'ai obtenu quelques uns de ces titres magiques (rires) !

Tales From The Crate - Je suis toujours assez curieux concernant le Redbull Thre3 Styles que j'ai un peu découvert grâce à toi pour être honnête. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette compétition ? Comment est-ce que ça fonctionne et quelles sont les différences avec les championnats classiques que sont le DMC et l'IDA, coté compétition autant que concernant tes sensations en tant que participant ?

DJ Perplex - La principale différence entre les battles Hip Hop traditionnelles, le DMC et autres, et le Redbull Thre3 Styles réside dans le fait que le Thre3 Styles est orienté vers le club, c'est plus comme une soirée. Je suppose que toutes les compétitions de DJ peuvent être considérée comme des soirées mais là il s'agit vraiment de mettre le feu au public avec un format dancefloor. Les prestations sont aussi plus longues que dans les autres championnats puisque tu as quinze minutes pour faire tes preuves. Concrètement, tu dois être le meilleur à faire décoller la soirée, le jugement est très largement axé sur la réaction de la foule. Il y a aussi d'autres critères proches de ceux du DMC : la technique, l'attitude derrière les platines, la sélection des morceaux ... mais tu dois foutre le feu avant tout ! Tu ne peux pas parier que sur tes capacités techniques ce qui offre une dynamique très différente. J'y ai participé trois fois et j'ai gagné en 2010 et 2011. Le Thre3 Styles est vraiment différent du DMC. On y rencontre des DJ's aux styles plus variés qui pour beaucoup ne viennent pas du tout de l'univers Hip Hop. C'est plus une compétition sur le thème du mash-up pour sacrer le roi du mélange d'influences. Tu enrichis ton set d'un peu de scratch - même si la plupart des gens que j'y ai vu ne savent pas poser un scratch ou un beat juggling - un peu comme si tu intégrais l'approche du DMC à l'optique d'un mix en club ce qui ressemble assez à ma façon de faire : fusionner mes capacités aux platines avec l'idée de secouer le public, de maintenir l'attention de la foule. Je me suis donc bien éclaté avec le Redbull Thre3 Style, en particulier lors de la finale internationale à Vancouver l'année dernière, j'avais ramené de grosses influences Hip Hop mélangées à des grands classiques. J'ai sans doute intégré trop de scratch pour mon propre bien (rires), mais je me devais de représenter les scratcheurs de la compétition et plus largement tous les turntablistes.

C'est une toute jeune compétition, à peine trois ou quatre ans maintenant. Le DMC est 25 plus vieux et le Thre3 Styles doit encore trouver sa voie, se développer et définir une identité propre. Je pense que ça va devenir encore meilleur avec les années, ce n'est que le début. Mais ce sera de toute façon très différent des battles Hip Hop traditionnelles.
 



Tales From The Crate - A ton avis, ce genre de compétition plus orientée vers le club apporte-t-il un vent nouveau sur le monde des battles DJ ?

DJ Perplex - Oui, c'est bien de vouloir mélanger ainsi ces deux univers. C'est déjà la direction que j'essayais de prendre de toute façon : moins focalisée sur les routines super techniques. Je travaille toujours sur des routines mais je cherche à les rendre plus accessibles pour le public avec des éléments sur lesquels on puisse vraiment danser, même si tout ça reste très découpé et travaillé. Il faut tendre vers le mix de ces deux composantes - le scratch hardcore et les choses plus orientées vers les pistes de danses - et peut-être revenir quelques étapes en arrière. Si tu regardes les images des DMC de ces deux dernières années, tu verras des trucs d'un niveau jamais atteint, le scratch de la planète Mars. Le Thre3 Styles revient sur Terre et tente de rendre tout ça plus accessible pour la foule. Il ne s'agit plus d’assommer les gens avec des compétences techniques qu'ils ne sont pas capables de seulement comprendre, c'est un genre de battle plus fun, les gens dansent, suivent le battle ou passent juste une bonne soirée sans se soucier de la compétition. Il y en a pour tout le monde.

Au départ, les DJ's Hip Hop au sein de la scène turntabliste, les gars qui faisaient des battles dans les années 80 ou 90, c'étaient des DJ's scratcheurs et des gens à la technique formidable mais ils étaient tout autant capable d'animer une soirée avec des sets géniaux. Je pense aux Beat Junkies et à toutes les stars américaines dans le même genre. Ils participaient aux battles mais ils proposaient des mix de dingues en soirées ! Ils étaient des DJ's absolus. Ça a été comme ça jusqu'à la fin des années 90 mais au cours de la dernière décennie, on a vu des gars qui ne savaient que scratcher, même pas fichus d’enchaîner deux disques. Je crois que ça dévie franchement de ce qu'on devrait appeler un DJ. C'est important de savoir gérer une fête en jouant de la bonne musique dans laquelle les gens peuvent plonger. C'est ça le deejaying. Tu ne peux pas ignorer le fait que le deejaying c'est avant tout l'art de distraire le public. Aujourd'hui, le DJ doit se diversifier. Tu ne peux plus proposer des shows purement turntablistes dans les clubs, je ne pense pas que tu puisses survivre ainsi en tant que DJ contemporain, même si tu es au top niveau, champion du monde ou quoique ce soit. Tu dois pouvoir faire sérieusement bouger le public. C'est primordial d'aller vers la fusion de ces deux approches. Aujourd'hui plus que jamais.


Tales From The Crate - Y a-t-il une position que tu préfères malgré tout ?

DJ Perplex - J'adore la battle, mec ! Juste ... boum (rires) ! Il y a quelques années je t'aurais sans doute dit que c'est ce que je préférais mais aujourd'hui, j'aime la combinaison des deux. Tu peux vérifier dans mes mixtapes ou lors de mes dates en clubs : il y a toujours de gros éléments turntablistes qui surgissent soudainement, pour accompagner ou souligner le mix. C'est la fusion un peu sournoise d'un style club et du Turntablism. Je travaille de cette façon depuis longtemps maintenant. Tout ce que je fais dois être funky, les gens doivent pouvoir danser dessus.


Tales From The Crate - Depuis quelques mois tu travailles sur une série de mixtapes appelées Fatape. Il en sort un nouveau volume presque tous les mois, était-ce un challenge pour toi de te contraindre ainsi à sortir quelque chose une fois par mois ? Est-ce une question de visibilité en ligne, de nécessite à avoir une actualité aussi régulière que possible ?

DJ Perplex - Je ne joue pas les marathoniens avec ce projet (rires), l'idée est plus de me fixer un but, de me structurer et de travailler au moins un mix par mois. Mais oui, c'était un genre de défi de sortir ainsi une nouvelle mixtapes tous les mois, pour les congés scolaires, les jours de fêtes ou les célébrations internationales : la Saint Valentin, la fête de l'indépendance, l'anniversaire de la reine d'Angleterre - c'était quelque chose d'important ici, Halloween ... Il faut le prendre comme un showcase qui contiendrait tous les genres de musique que j'aime, beaucoup de vieux disques que j'écoute à la recherche de samples, des trucs Hip Hop et un mélange d'influences modernes. Ça a été un voyage intéressant pour moi. Tu sais, ce ne sont pas des mix live, enregistrés en une prise et c'est bon. Ces mixtapes me demandent beaucoup de travail : edits, multipistes, effets, ce genre de choses. C'est un bon processus dont on peut écouter le résultat sur le site de Fat Kids : www.iamfatterthanyou.com
J'en suis au numéro 33
(au moment de l'interview, le 34ème vient de sortir -ndlr), ça commence à devenir sérieux !

Tales From The Crate - Est-ce que le choix de ces jours de fêtes était un moyen de donner un sens supplémentaire à ton travail de DJ ? Certaines limites ou un cadre thématique avec lequel jouer ?

DJ Perplex - Je vois ce que tu veux dire mais ... non, pas vraiment. Évidemment, pour la mixtape de la Saint Patrick, j'ai utilisé pas mal de musique irlandaise (rires). Pour certaines, j'ai travaillé avec le thème. La tape du jour de l'indépendance américaine ne contenait que de la musique américaine, des trucs Trap et du scratch. J'essaye de jouer avec les thèmes mais ce n'est pas un priorité. Il s'agit plus de proposer un show avec mes différents goûts musicaux.  



Tales From The Crate - Comme tu l'as évoqué, la quasi totalité des morceaux que tu utilises sont édités, remontés. Qu'en est-il de la production originale ? Est-ce quelque chose que tu as déjà envisagé ? Quelque chose qui t'intéresse ? 

DJ Perplex - Oui, je travaille sur ma production propre depuis des années. Ce n'est pas quelque chose de facile pour moi. C'est de plus en plus dur de devenir producteur, le niveau est toujours plus haut et il me faut sans cesse améliorer la qualité de ma production, je me trouve dix fois moins bon que la plupart des gens. J'ai lentement développé mon propre style mais avant de proposer quoique ce soit de ce coté, je dois rester concentrer sur mes edits, remixs et autres. Je n'ai presque jamais sorti ce que j'ai fait jusqu'à aujourd'hui. Je travaille actuellement sur des gros trucs que j'aime bien et je pense que ça sortira sous un format tel que la beat tape, quelque chose dans ce goût-là. C'est le bon espace pour moi : pas vraiment un album, juste une compilation de beats ou de brouillons, de bonnes instus qui tapent bien, avec bien sûr de nombreux scratchs. J'ai aussi produit des beats pour des MC's australiens. En tant que DJ, je pense que la production est un peu l'ultime destination. Jouer la musique des autres te pousse forcément à vouloir réaliser la tienne.  

Tales From The Crate - Tout à l'heure tu parlais du site internet de Fat Kids, y a-t-il d'autres adresses où on peut te retrouver en ligne ?

DJ Perplex - Bien sûr, on me retrouve sur Soundcloud, c'est la bonne adresse pour écouter mes mixes ou mes beats. L'autre bon coin c'est comme tu l'as dit le site de Fat Kids. Après, Google est ton ami (rires) ! 

Tales From The Crate - Quelle est la suite pour toi ? Des dates ? Des battles ? Peut-être un peu de production ? 

DJ Perplex - Je ne crois pas que je participerai à nouveau à des compétitions dans l'immédiat. Je tiens à me focaliser sur ma musique. Il y a aussi des collaborations à venir avec d'autres artistes : des rappeurs ou des DJ's. Un des mes amis proches, DJ B2, vient tout juste de remporter le DMC en Australie cette année et je l'ai aidé à mettre son set en place, j'ai adoré ça. C'était comme si j'utilisais des choses que j'aurai voulu faire moi-même mais parce que je suis un peu retiré de la compétition, je les lui ai proposé. Et il a tout tué ! C'était super de l'aider à monter son set. Je ne participerai pas à un battle de sitôt mais je continuerai à travailler sur des routines, plus axées sur la musicalité, afin de continuer à creuser mon sillon, à approfondir ce que le DMC m'a appris et à pousser ma musique aux platines plus loin. Ce qui est sûr c'est qu'il y aura de la vidéo dans les mois qui viennent, gardez un œil sur cette perspective.





Tales From The Crate - Let's begin at the beginning : could you tell us how you started, when, why and maybe influenced by who ?

DJ Perplex - For sure man, I'm really good talking about myself, as most of the people are (laughs) ! I was deejaying since the late 90's but I started to be a turntablist DJ, I mean with a real turntablist set up, in 2001. Deejaying was really at a peak, a kind of super blow up, it was so big back then. This phenomena had a huge influence on me, I was pretty young at this time and really hungry to get into it, into the Hip Hop stuff especially. I was enjoying graffiti a lot until I switched up for deejaying because for a good turntablist DJ, it's about 24/7. It's a real passion from the beginning, really focused on the battling aspect, more than on the club mix or any other situation you could know as a DJ. I'm also very lucky that in the city I'm living in, Melbourne in Australia, we have a bunch of amazing DJ's, especially back then. You may have heard a few about DJ Dexter, he's from Melbourne and he was a big influence on the local scene. DJ J Red, Select, Ransom, all this kind of guys, were big influence on me. When you're a young guy, just getting into this game, you go to see them in clubs all the time, to listen them cutting and using real records. They're all part of the strong Hip Hop culture of the city I'm from and they were my influences when I was coming up and starting deejaying.

Tales From The Crate - My question should seem strange for you but it's something kind of hard to realize from this side of the world ; So is there a Hip Hop culture in Australia ? And what about it ?

DJPerplex - There is a very strong Hip Hop culture in Australia, now and back in the days. The back in the days aspect is really important because we had an old school Hip Hop scene here. Some countries have and some countries haven't but having an old school listenning built years after years forge a stronger culture for the present day. Back in the days, people used to breakdance, it was a big thing around 1984 - which is a way before my time : I'm born in 1983. Mid 80's were huge in Hip Hop in Australia, especially for breakdancing and graffiti culture. There were a lot of crazy DJ's who were doing like everything from the Hip Hop culture : rapping, making graffiti, deejaying and breakdancing. And I love this B-Boy spirit from the 80's. As I said, there were a couple of really strong guys like DJ Ransom, an amazing influence in Melbourne. He was like a king, a graffiti ruler, painting trains and involved in all kind of crazy business. He became a really strong Hip Hop club DJ. He's not the only one but there are too many to name.

Melbourne use to be the cultural hub of Australia in general. It's like the New York of Australia, I guess (laughs), for the atmosphere you take from there and the rich cultural history. We had to build on the top of that over the years and a lot of talented DJ's came out from here, when I was coming up, before Youtube and before the Internet. We only had tapes and we were listenning DJ's on a few radios and records. That's how we did. But beside that, to see in the flesh is another thing and seeing a lot of DJ's doing a lot of crazy stuffs live when I was a kid basically, it was huge for me and gave me this mad fire to step up and want to be the best behind the turntables myself.


Tales From The Crate - And came your first DJ championships ... pretty succesfully !

DJ Perplex - Yeah, the first DJ battle I entered was in 2004, after having my DJ set up for a few years. I waited to be good on turntables. To be champion straight away I had to be real good and the first battle I entered was the DMC. I won that so it gave me a lot of passion to keep battling to both DMC and ITF. In 2005 I won ITF's beat juggling and team category and DMC australian finals. So I represented my country in London to the DMC world championship in 2006, 2007 and 2008. I also did the IDA world battles in Poland in 2009. I did some other battles here and there, the Redbull Thr3e Styles more recently ... so yes, I got some of these magic titles (laughs) ! 

Tales From The Crate - I'm still pretty curious about the Redbull Thre3 Styles that I discovered two years ago because of you to be honnest. Could you explain it a little bit ? How it's working and what are the differences between this newbie and the classical championnships which are DMC and ITF ? I mean both for the competition and the feelings you can have as a DJ ...

DJ Perplex - The most major difference between traditionnal Hip Hop battles, DMC or whatever, and the Redbull Thre3 Styles is that the Thre3 Styles is a party battle. I guess that you can call every DJ competition a party battle but this one is really judged by how you rock the crowd in a party format. It's also longer than the other battles because you have got fifteen minutes to do a set. Basically you have to rock the party the best and it's very heavily judged on the crowd response. There are some other judging criterion as well, similar to DMC's : technical ability, stage presence, tracks selection ... but you really have to rock it ! You can't bet only on technicality and it's a really different dynamic. I have done it three times now, I won in 2010 and 2011. Thre3 Styles is quiet a different battle. You get a lot more diverse Dj's entering, it's not only about Hip Hop cast and the music is also very diverse. It's basically like a mash-up battle to know who's the king of the blend. You just flavour the set with a little bit scratching - even if most of the guys I saw there couldn't juggle or scratch - as if you took the DMC's approach and brough to the party battle wich is kind of my thing in general : fusing turntables skills with party rocking, keeping your audience engaged. So the Thr3e Styles was kind of my thing, especially doing the world finals in Vancouver last year, bringing heavy Hip Hop elements and mashing up some classic stuffs. I probably brought in too much scrathing stuffs for my own good (laughs) but I had to represent my men who are really scratching in that competition, doing tricks and representing for all the turntablists there.

It's a very new competition, about three or four years old now. The DMC is 25 years older and the Redbull battle is still defining itself, developing and finding its own identity. I think it will get better because we're still in the early days of it. But it will be very different of the traditionnal Hip Hop battles.



Tales From The Crate - In your opinion, does this kind of mix competition, a little bit more club oriented, bring a fresh wind through the world of turntablist battles ?

DJ Perplex - Yes, it's good to fuse both worlds like that. I already was kind of moving that direction anyway, you know : less on the supertechnical battle routines. I still do routines but make them more accessible for the crowd, some stuffs you can really dance to even if it's still cutted up or something. It's good to fuse that worlds - I mean hardcore scratch and club oriented stuffs - and maybe take it back a couple of steps. If you watch the footages from the last couple of years, you'll see that's some next level business, it's like scratching from the planet Mars. The Thre3 Styles is bringing back a couple of steps, making it more acceptable for the crowd. It's not about drilling people's head with crazy skills that they can't understand, it's a pretty funnier kind of battle, people can dance, check the battle or just have a good party. It's something for everybody.

Originally, Hip Hop DJ's in Turntablism, guys who were doing battles in the 80's and 90's were scratch DJ's and technical guys but they can also rock a party. I think to the Beat Junkies and all the american stars DJ's like this. They were battling but they were able to make crazy sets for parties. They were well-rounded DJ's. It was true until the late 90's but in the last decade, there were dudes who were only scratch DJ's and don't even mix records. I think it can distract a little bit from what you call a DJ. It's important to rock a party and play cool music that people can get into. That's what deejaying is about. You can't never leave that fact behind : deejaying is about entertaining people. Nowadays, a DJ have to diversify himself, really. He can't just go into a strictly turntablist showcase in a club, I don't think you can survive as a modern DJ this way, even if you're at the top level, world champion or anything. You've got to be able to rock a crowd strongly. It's really important to fuse these two ways. More today than ever.


Tales From The Crate - Is there a situation that you prefer between being in a club and battling for a competition or do you feel that every Dj should make both ?

DJ Perplex - I love to battle, man ! Just ... boom (laughs) ! I used to love battling most of all a few years ago but now, I like the combination of both. You can check me up, with club gigs or with my mixtapes : there are always heavy turntablist elements which are coming like sudden stuffs, just to underline the mix. It's a fusion of club style and Turntablism in a very sneaky way ! I'm working this way for a long time now. Everything I do have to be pretty funky, people have to move on dancefloors.


Tales From The Crate - For a few months you're working on a mixtape serie called Fatape. There is a new one almost every month, was it a challenge for you to force you to produce something once a month ? Is it something about being present online, having some news as often as possible ?

DJ Perplex - I'm not like a marathon man about that (laughs), it's more about fixing myself a goal and drop a new mixtape every month. But, yes I think it's was a kind of challenge this year to make a new mixtape every month, for public holidays or celebration days around the world : valentine's day, independance day, queen's birthday - it was something big here, Halloween ... It's a showcase with all kind of music that I listen to, a lot of older records that I listen looking for sampling, Hip Hop stuffs and a bunch of modern music. It's been a fine journey I did. You know, I don't just drop tapes like live mixes, one take and it's done. I put a lot of work in my mixtapes : edits, multitracks, crazy FX, things like that. It was a cool process. You can listen it on the Fat Kids website : www.iamfatterthanyou.com
It's the number 33 now
(at the time we did the interview, now the 34th is released -ed), it begins to be strong !

Tales From The Crate - Are you choosing some public days to bring an additional meaning in your DJ work ? Maybe some limits and a background to play with ?

DJ Perplex - I know what you mean but ... no, not so much. Obviously for the mixtape I did for St Patrick's day, I used a lot of irish jig music (laughs). For some I work a little bit with the themes. The Independance day tape was all about american music, with Trap stuffs and scratching. I try to thematise but not heavily. It's more like a showcase of all the different musical taste I have. 

Tales From The Crate - As you said almost every tracks you're playing are edited. What about original production ? Did you already think to produce your own tracks ? Is it something you're interested by ? 

DJ Perplex - Yes, I've been working on my own production for years now. It's not something I find easy. The game is getting harder and harder and I have to improve my production skills, everybody else is like ten times better than I feel like. I've slowly been developing an original style but before I feel dropping original music I have to keep focus on edits, remixes, this kind of things. I haven't put out most of the stuffs I made yet. I'm actually working on some strong stuffs that I like and I think I'll put it out on a format like a beat tape or beat album, something like that. It's a cool situation : not like a full album, just a kind of showcase with some beat sketches, cool beats that knocking around, of course with some cuts, some blend of scratch tracks. I also produced a few beats for some rapper here, in Australia. As a DJ, I think production is like the ultimate destination, really. To play other people music naturally drives you to want make your own.

Tales From The Crate - You talked earlier about the Fat Kids website, are there other links to catch you online ?

DJ Perplex - Yes, check me out on Soundcloud, it's a good place to listen my mixes or my beats. Another good spot as you said is the Fat Kids website and ... just google me bitches (laughs) ! 

Tales From The Crate - What's next ? Some gigs ? Some battles ? Maybe some releases ?

DJ Perplex
- I don't think I'll do anymore competition in the forthcoming future. I really want to focus on doing my original music. There are also some collaborations with others artists coming : rappers or DJ's. A good friend of mine, DJ B2, just won the DMC this year in Australia and I helped him to work on his set, that was cool. It was like I used some stuffs I would like to do but because I'm kind of retired from battling, so I left it to him. And he killed it ! It was really fine helping him to make his set together.
I don't think I'll do any battling any time soon. I'll do some more routines but more focused on musicality, to continue down this path, to study with my DMC stuffs and push my turntablist music forward. I'll definitely put out some video in the next couple of months, just look out for that.


Thanks to DJ Perplex for his time, smile and skillz.

Interview by Reverend D, by phone, September 13th 2012.